À quoi sert un maire et son équipe municipale ? Rencontre avec M. le Maire des Lilas

par pierre

En mars 2026 auront lieu les élections municipales.
Comme pour celles de 2020, nous allons couvrir l’élection du prochain maire de Pantin de manière non partisane. Nous tenterons de vous donner des clés pour faire un choix éclairé, notamment en interviewant en vidéo toutes têtes de liste.
Pour lancer cette campagne, nous rencontrons Lionel Benharous, le maire de la ville des Lilas, qui va nous expliquer le rôle d’un maire et de sa municipalité. Merci à lui d’avoir accepté de répondre à notre sollicitation.

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Bonjour, pour démarrer cet entretien, vous pourriez vous présenter ?

Je m’appelle Lionel Benharous, j’ai 52 ans et je suis maire des Lilas depuis 2020.

Pourriez-vous résumer à quoi sert un maire et son équipe municipale ?

La définition stricte, c’est que nous devons exercer les compétences qui nous sont confiées.
Donc les villes sont des communes, des collectivités locales qui ont ce qu’on appelle la clause de compétence générale, c’est-à-dire qu’on a des compétences qui nous sont dévolues et qu’on doit absolument remplir, mais on a la possibilité aussi d’investir d’autres champs.
Dans les champs qui nous sont dévolus, il y a par exemple l’état civil, le cimetière, les écoles élémentaires et maternelles. On va donc on va assurer l’entretien des locaux, les personnels de restauration d’entretien, etc. Ce sont nos compétences obligatoires, il y en a d’autres également, donc il faut qu’on les remplisse.
Et puis comme on est une clause d’intérêt général, on a la possibilité d’investir d’autres champs, ce que font à peu près toutes les villes, et donc on a une action dans le domaine du sport, de la culture, de la tranquillité publique, de la prévention et de tout autre sujet.
Globalement, notre objectif c’est de faire en sorte que la vie des Lilasiennes, des Lilasiens qui vivent là, soient la plus agréable possible, qu’on leur offre un service public qui soit de la meilleure qualité possible, que les gens qui sont là soient heureux d’y vivre et que ceux qui n’y vivent pas aient envie d’y venir.

Dans tous ces sujets, lesquels sont les plus importants en termes du temps que vous y passez, de mobilisation des équipes municipales, de nombre d’employés, de budget ?

On a une particularité aux Lilas, c’est que c’est une ville dans laquelle il y a un service public extrêmement puissant. Pour une ville qui fait à peu près 23 000 habitants, on doit avoir à peu près 650 agents communaux, ce qui est beaucoup, et ce qui est en fait le choix qui a été fait déjà avant moi et que moi j’ai poursuivi et amplifié, d’avoir beaucoup de secteurs qui sont gérés directement par la ville.
Il y a des villes qui, par exemple, vont déléguer à des associations, au privé, des accueils périscolaires ou le nettoyage des écoles, etc. Tout est fait par des agents communaux, donc on a beaucoup, beaucoup d’agents communaux.
Si je prends comme critère, pour répondre à votre question, le budget, c’est-à-dire ce à quoi on consacre le plus d’argent, Je pense que c’est l’éducation qui arrivera en premier et toutes les actions qu’on mène autour de l’éducation au sens large, c’est-à-dire la petite enfance, l’école, la jeunesse.

Sur un territoire comme la ville des Lilas, quels sont les autres acteurs qui agissent beaucoup et avec lesquels vous devez interagir ?

On en a énormément. Alors d’abord, on a les autres partenaires institutionnels : les autres collectivités locales, le Département. J’ai une partie de ma voirie qui appartient au Département, la grande rue qui traverse les Lilas, la rue centrale qui est la rue de Paris, c’est une voie départementale, boulevard Eugène Decros etc.
Et puis il y a des compétences qui sont liées au Département, le collège par exemple est géré par le Département et donc tout ce qui a affaire au collège est géré par le Département.
La Région c’est la même chose, le lycée par exemple est géré par la Région
Mais aussi l’État évidemment.
Ou encore le tissu associatif, qui est un partenaire essentiel quand on gère une ville. Peut-être aux Lilas plus qu’ailleurs, on a un réseau associatif qui est très très dense, très très dynamique, avec beaucoup d’associations qui font beaucoup de choses dans le domaine de la mémoire, du développement durable, de l’éducation, de la solidarité, etc.
Et puis après les habitants, on est à une ère où je crois que contrairement peut-être à ce qui pouvait se produire il y a 10, 15 ou 20 ans, on ne peut plus diriger une ville, ni à mon avis n’importe quelle strate territoriale, sans avoir un contact direct avec la population, sans prendre l’avis, consulter, concerter. Je crois que ça fait partie des choses qu’on est obligé de faire maintenant et donc ça fait partie aussi des acteurs avec lesquels on travaille.

Quelles sont les compétences que vous partagez avec l’établissement public territorial Est Ensemble ?

Est Ensemble a des compétences qui sont pour la gestion d’une ville extrêmement importantes.
D’abord, il y a des équipements qui ont été délégués à Est Ensemble. Aujourd’hui, par exemple, la piscine des Lilas, comme toutes les piscines, est gérée par Est Ensemble. La bibliothèque est gérée par Est Ensemble. Le conservatoire est géré par Est Ensemble, ce qui nous a d’ailleurs valu, et c’est un choix d’Est Ensemble qu’on a partagé avec eux, une fusion du conservatoire des Lilas et de Romainville pour faire un conservatoire qui ait un rayonnement plus important. Donc il y a la gestion d’équipement et puis il y a des compétences qui appartiennent à Est Ensemble. Peut-être la plus importante, je pourrais en évoquer d’autres, mais peut-être la plus importante ce sont les compétences en matière d’urbanisme puisque désormais le document qui est le document référence en matière d’urbanisme qu’on a appelé longtemps le PLU, le plan local d’urbanisme, est devenu depuis quelques années un PLUI, plan local d’urbanisme intercommunal et donc c’est à l’échelle d’Est Ensemble que l’on fixe les règles d’urbanisme qui vont s’appliquer ensuite aux 9 villes du territoire. C’est une compétence importante, voilà il y en a d’autres…

Comme beaucoup d’acteur interagissent, est-ce que, en tant que Maire, on vous alpague, on vous demande des comptes, sur des sujets qui ne sont pas de votre ressort ?

Oui, tout le temps.
D’autant plus que souvent, par exemple, les compétences sont partagées et que, comme les villes ont la possibilité d’investir d’autres champs que des compétences qui ne leur sont pas directement attribuées par les textes réglementaires, souvent, en fait, on va s’investir sur des champs qui nous dépassent. Ça m’arrive sans arrêt.

Quand, dans une école, il y a des enseignants qui ne sont pas remplacés, on peut évidemment essayer d’avoir un rendez-vous avec le recteur ou l’inspecteur d’éducation nationale, ça prend plus de temps. On vient voir le maire même si c’est la compétence de l’éducation nationale et que la ville a priori n’a pas de compétence en la matière.
En matière de tranquillité publique, quand on a l’impression que la police n’intervient pas suffisamment rapidement parce qu’elle manque d’effectifs, on va avoir tendance à aller voir le maire, voire même à solliciter la police municipale, alors que, en réalité, le nombre d’officiers de police au sein du commissariat dépend de l’État.
Pareil sur les règles d’urbanisme, quand elles ne plaisent pas à quelqu’un qui veut déposer un permis de construire et qui se le voit refuser, on vient voir le maire alors que c’est le président d’Est Ensemble qui est responsable.
Quand le collège ne fonctionne pas, ou qu’on n’a pas une place au collège, on vient voir le maire de la même manière.

Le maire, c’est l’élu de proximité, c’est celui qu’on croise. Et alors, c’est sans doute vrai dans toutes les villes, mais dans une ville aussi petite territorialement, géographiquement, que les Lilas, c’est encore plus vrai.
Moi, on me croise partout. Je vis ici, donc je vis comme tous les Lilasiens et toutes les Lilasiennes. Donc, si on veut me voir, on sait que si on va au marché, on a des chances de me trouver. Au supermarché, c’est à peu près pareil, à la bibliothèque ou n’importe où.

Donc voilà, on a tendance à voir le maire parce que c’est l’élu qui est le plus directement accessible, le plus facilement accessible et finalement c’est assez normal. Alors après on explique, on intervient auprès des partenaires, etc. puis on essaie de trouver des solutions. Mais c’est relativement légitime, on est l’élu de proximité par excellence.

Et justement, quelle est votre journée type et quelles sont les actions que vous faites au quotidien ?

Ce qui est super, c’est qu’il n’y a pas de journée type.
Avant d’être maire, j’étais prof et j’adorais mon métier pour ça, parce qu’on a l’impression qu’une journée de prof, ça ressemble à une autre journée de prof et qu’on fait des cours et qu’on corrige des copies et qu’on prépare des cours.
En réalité, il n’y a pas deux journées de prof qui se ressemblent. Selon les élèves qu’on a, le cours qu’on va faire ce jour-là, les choses sont toujours différentes.

Une journée de maire c’est pareil et il se passe des choses sans arrêt. On touche à des sujets différents, moi je peux avoir des réunions pour traiter de sujets d’urbanisme très pointus puis ensuite aller dans une école remettre des livres ou des cadeaux à des élèves ou aller manger à la cantine puis aller voir un atelier fait par le service jeunesse, aller passer un moment au club des Hortensias avec les seniors qui vont jouer aux cartes ou avoir un atelier de marche nordique.

Les journées ne sont jamais les mêmes et ça c’est chouette. Elles sont toutes longues, elles commencent tôt, elles finissent tard, ça c’est le point commun. Mais pour le reste, il n’y a pas deux jours des types, elles sont toutes différentes, c’est ça qui fait que c’est très chouette.

Est-ce que je peux vous demander pourquoi vous avez décidé d’être maire ?

Bon, en fait, si je dis que c’est le fruit du hasard, ce n’est pas vrai, parce que je crois qu’inconsciemment, on n’exerce pas ce genre de responsabilité, si à un moment ou un autre, on n’a pas une appétence pour ça.

Mon parcours, il est finalement assez simple. Je me suis engagé politiquement très jeune. Et puis, assez vite, j’ai pris de la distance avec l’engagement politique. Je suis devenu enseignant, je suis devenu syndicaliste enseignant, j’ai fait du syndicalisme pendant longtemps dans mon métier, comme je l’ai toujours fait quand j’étais étudiant.
Et assez jeune dans ma vie d’adulte, je suis venu m’installer aux Lilas. C’était une ville que je ne connaissais pas, dans laquelle je n’avais jamais mis les pieds. C’était quelques mois après l’élection de mon prédécesseur, Daniel Guiraud, que je ne connaissais pas non plus, et dont je n’avais absolument jamais entendu parler. Et j’ai vécu ici comme un habitant lilasien lambda. J’allais travailler, je m’intéressais un peu à la vie de la ville, mais pas tant que ça.
Et en tout cas, j’étais très loin des considérations politiques, qu’elles soient municipales ou autres.

Le déclic de ma vie militante lilasienne, c’est l’élection présidentielle, qui a vu Jean-Marie Le Pen arriver au second tour, et le fait qu’avec mon épouse, à l’époque on n’avait pas d’enfants encore, on s’est dit qu’il fallait revenir à un engagement plus puissant, parce que la lutte contre l’extrémisme et contre l’extrême droite en particulier, ça a toujours été un moteur très fort de notre engagement. Et donc à ce moment-là, j’ai adhéré, ou ré-adhéré à un parti politique. Et c’est là que j’ai rencontré Daniel Guiraud, qui était tout jeune maire à l’époque. Il était maire depuis peut-être un an, un an et demi. Assez vite, on a sympathisé.
Et un peu avant les élections de 2008, quand il s’est présenté pour renouveler son mandat, Il m’a proposé d’intégrer son équipe municipale parce qu’il avait dans son équipe municipale précédente une adjointe qui s’occupait des questions d’éducation et qui quittait les Lilas et donc il avait besoin de quelqu’un qui puisse jouer ce rôle-là s’il était réélu.
Il se trouve que moi j’étais enseignant, j’avais depuis des enfants qui étaient scolarisés dans des écoles lilasiennes, mon épouse est enseignante et maintenant directrice d’école, donc c’est un secteur que je connaissais bien. J’ai hésité et puis je me suis laissé convaincre parce que j’ai quand même un goût pour l’engagement et puis un vrai attachement à cette ville. La particularité de cette ville, c’est qu’on s’y attache très, très vite.
Et puis j’ai fait un mandat aux côtés de Daniel Guiraud, puis j’en ai fait un second. Et quand Daniel Guiraud a décidé de ne pas se représenter pour faire un quatrième mandat, on s’est réunis pour savoir qui était celui ou celle qui pouvait porter les couleurs de la majorité municipale qu’on représentait à l’élection municipale dernière.
Les copains ont trouvé que c’était une bonne idée que ce soit moi, donc voilà, je l’ai fait. Je l’ai fait avec beaucoup de bonheur, beaucoup de joie.

Donc ce n’était pas un parcours programmé. Je ne me suis pas dit, depuis que j’avais 15 ans ou 17 ans, un jour, je serai maire, et encore moins maire des Lilas. C’est les circonstances qui m’ont porté à exercer cette responsabilité.

Aujourd’hui, c’est un métier à temps plein, vous n’avez plus vos fonctions de professeur ?

Non, je les ai gardées autant que je le pouvais.
Donc j’ai fait deux mandats comme adjoint de Daniel Guiraud, et pendant ces deux mandats où j’étais adjoint, j’ai gardé mon métier d’enseignant à temps plein. Donc j’ai gardé toutes mes classes. J’étais très heureux de pouvoir jongler avec ces deux activités qui sont très différentes mais qui sont aussi épanouissantes l’une que l’autre.

Et quand je suis devenu maire, moi j’ai été élu maire dans des circonstances un peu particulières puisque les dernières élections municipales ont été marquées par la crise du Covid et entre le premier et le second tour, il y a eu un temps beaucoup plus long qu’habituellement.
D’habitude il y a une semaine donc on n’a pas tellement de temps de réfléchir.
Là je crois qu’on a fait le premier tour au mois de mars et le second tour au mois de juin donc on a eu plusieurs mois et puis des mois où on avait le temps de réfléchir parce qu’on était enfermé chez soi et qu’on n’avait pas beaucoup d’autres activités.
Et donc j’ai mis ces mois à profit pour essayer de regarder s’il m’était possible de conserver un petit temps de classe et pouvoir conjuguer mon activité de maire avec un petit temps de classe.
Il se trouve qu’en fait c’est assez compliqué dans l’éducation nationale, j’ai découvert ça à ce moment-là parce que moi j’ai toujours travaillé à temps plein. On ne peut prendre un temps partiel qu’à partir du mi-temps, on ne peut pas prendre moins qu’un mi-temps. Assez vite je me suis rendu compte que la charge de maire était suffisamment lourde pour aller faire 7 ou 8 heures de cours, plus les copies, plus les préparations de cours, plus le temps de maire.
Bon, j’ai besoin de peu de sommeil. Je peux travailler beaucoup, mais là, je sentais que ça devenait un peu compliqué. Donc, je me suis dit que voilà, j’allais me mettre en disponibilité et puis exercer mon mandat de maire et revenir à l’éducation quand j’en aurais fini avec mon mandat de maire.

Dans votre fonction au quotidien, quel est d’un côté l’aspect le plus gratifiant et de l’autre côté le plus grand sacrifice que vous venez de faire pour être maire ?

L’aspect le plus gratifiant, pour moi, incontestablement, il y en a deux. Un quotidien et un plus épisodique.
Le plus quotidien, c’est le contact avec les gens. C’est un mandat génial pour ça.
Je passe mon temps à aller voir nos seniors, nos enfants dans les écoles, nos acteurs culturels, nos acteurs du monde sportif. Et à chaque fois c’est extrêmement enrichissant, les gens sont toujours charmants, ils ont plein de projets, et vraiment ce contact avec les gens, être à l’écoute, comprendre quelles sont les difficultés, essayer de trouver des solutions, c’est quelque chose de très concret et très humain qui moi me convient parfaitement.
De manière plus épisodique, ce qui est extrêmement gratifiant, c’est que le mandat de maire, c’est un mandat dans lequel on peut lancer des projets et les voir se concrétiser. Et c’est vrai que quand on lance un projet et qu’un an, deux ans, trois ans après, on le voit se concrétiser et qu’on voit les gens être satisfaits de ce qu’on a fait, c’est assez merveilleux.
Quand un jour vous décidez que vous prenez l’artère principale de la ville des Lilas et après avoir discuté et concerté pendant longtemps, que vous la passez en sens unique et que les gens expriment des inquiétudes en disant « comment ça va se passer ? ». Et puis le jour où ça arrive et que les gens viennent voir en vous disant « mais en fait ça change la vie, on a divisé le volume sonore par 3 ou 4 » !
Quand vous réhabilitez un gymnase et que pendant un an les gens se disent comment ça va être après et qu’ils le voient et qu’ils sont contents de la manière dont c’est fait.
Donc ça c’est vraiment la capacité à concrétiser des projets, c’est vraiment quelque chose de très chouette.

Après, sur les aspects les plus difficiles, il y a des moments qui sont durs, il y a des moments de tension, des moments de crise qu’il faut savoir gérer. De manière régulière, ce qui est un peu compliqué, c’est qu’on n’a pas forcément toujours le temps qu’on voudrait pour soi. C’est très prenant, donc il y a une partie du temps pour soi ou pour les siens, qu’on doit sans doute sacrifier un peu. Voilà, ça c’est la petite difficulté, mais c’est un choix.

Les élections municipales qui arrivent, qu’est-ce que vous pourriez dire à un jeune ou à un moins jeune pour l’inciter à venir voter aux élections ou à s’engager ?

J’évoque toujours d’abord le fait qu’on fait partie, malgré tout, de cette minorité de pays dans lequel on a le droit d’exprimer son opinion et de choisir ses dirigeantes et ses dirigeants. Et qu’il y a des tas de pays du monde où on se bat, parfois on meurt pour obtenir ce droit. Et donc ne serait-ce que par respect pour toutes celles et tous ceux qui se mobilisent dans des pays où on n’a pas ce droit-là, je crois que c’est la moindre des choses que de se déplacer, de mettre un bulletin dans l’urne.

Et puis, il y a une autre raison, c’est qu’on fait des choix qui sont véritablement engageants. Je crois que ce serait faux de dire que selon le candidat ou la candidate qu’on va choisir, tout change. Je crois que globalement, quand on gère une ville, il y a une partie des choses que n’importe quel élu ferait à peu près de la même manière.
Mais il y a quand même des choix politiques qui sont des choix politiques importants quand on fait le choix de mettre davantage d’argent sur l’éducation, sur le développement durable ou sur les seniors ou sur la jeunesse que sur d’autres secteurs. Voilà, c’est les choix politiques qu’on fait. Et donc si on veut à un moment être partie prenante de ce choix politique, il faut évidemment voter.

La question de l’engagement est essentielle. Je suis assez inquiet, et même un peu effaré, de voir ces statistiques qu’on entend égrenées régulièrement sur le nombre de maires qui ne veulent pas se représenter, le nombre de maires qui démissionnent en cours de mandat ou le nombre d’élus d’ailleurs, pas seulement les maires, qui mettent de la distance entre eux et l’engagement politique.
Je le comprends, c’est une tâche prenante, dure et qui peut à un moment faire qu’on se pose la question de savoir si ça vaut bien le coup de continuer. C’est une tâche difficile dans un contexte compliqué, où on a de moins en moins de moyens, parce que l’État est dans la situation financière dans laquelle il est, il réduit les moyens qui sont à notre disposition.

Mais où on a à côté de ça, parce que c’est une crise sociale, écologique, économique importante, une demande de la population qui est de plus en plus forte. Et donc c’est vrai que, quand on est élu local, on se dit parfois « mais comment je fais pour gérer à la fois des attentes de plus en plus fortes, et en même temps des moyens qui semblent de moins en moins importants ? ». Et donc je comprends tout à fait ça. Mais en même temps, une démocratie, elle ne vit que s’il y a des gens qui s’engagent pour la faire vivre. Et le jour où il n’y a plus de gens qui s’engagent pour faire vivre la démocratie, la démocratie est en difficulté, elle est en souffrance, elle est menacée et elle peut éventuellement en mourir.

Et on voit bien qu’on est dans une situation dans laquelle aujourd’hui la démocratie c’est un acquis pour lequel il va falloir se battre, parce que c’est finalement plus aussi une évidence que ça a pu l’être il y a 20 ou 30 ans.
Et donc l’engagement est à mon avis une clé essentielle de la persistance et de la pérennité de nos systèmes démocratiques et en particulier l’engagement des jeunes. Tout le monde doit s’engager à tout âge mais en particulier l’engagement des jeunes parce qu’en réalité, une équipe municipale, elle est d’autant plus efficace à mon sens, et pertinente, qu’elle est le reflet de la population.
Si dans votre équipe municipale il y a un quartier qui n’est pas représenté du tout, je crois que naturellement on aura moins tendance en fait à avoir un regard acéré sur ce qui se passe dans ce quartier, à avoir l’action la plus adaptée pour ce quartier-là.
C’est pareil pour les catégories d’âge : si vous avez une catégorie d’âge qui n’est pas représentée dans une équipe municipale, en fait il n’y aura personne qui, au sein de la délibération collective, sera là pour porter la voix des plus jeunes ou des plus âgés et de dire « mais attendez il y a cette problématique qui se pose et il va bien falloir qu’on la traite ! ».
Donc je pense qu’on a besoin de l’engagement de toutes et tous, en particulier la jeunesse, parce que c’est vrai que c’est sans doute aujourd’hui vers les jeunes qu’on a le plus de mal à trouver des gens qui sont engagés. Mais on en a vraiment, vraiment besoin parce que je crois que la qualité du service public qu’on peut rendre, elle dépend en particulier de l’engagement de chacune et de chacun.

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